Je reste consterné à la lecture de certains commentaires récents en réaction des billets de Tokyo : journal de résidence au Japon. Curée inintelligente, irréflexive, grasse et basse, virant parfois à l'insulte personnelle.
M'est avis que ceux qui laissent commentaire pour dire en substance : "écrivez plus simplement : j'ai laissé tomber au deuxième paragraphe" — c'est dire : pour faire part de leurs lacunes en grammaire et vocabulaire français, et faire aveu d'incompréhension et d'inculture, gagneraient à s'instruire plutôt que de polluer un blog, c'est-à-dire une part du chez-soi de quelqu'un.
Car un blog — à tout le moins le genre de blog auquel appartient également celui-ci — est sans conteste un chez-soi, un bloc-note, un cahier personnel. Ce blog est libre d'accès, c'est une invite ouverte : c'est dire que les visiteurs sont invités à lire ce qui s'y dit pour soi et d'autres peut-être, y peuvent éventuellement laisser messages et avis de passage, engager la conversation. Toutefois, en tant qu'invités dans une demeure qui n'est pas la leur — si elle l'était, ils pourraient y publier de vrais billets, n'est-ce pas ? —, m'est avis qu'est d'actualité le respect des règles minimales de convenances et de courtoisie qui siéent dans tout échange discursif ou épistolaire entre personnes civilisées.
Il est par ailleurs intéressant — il s'agit aussi d'étayer le raisonnement — de s'arrêter sur les métaphores choisies pour parler de l'interface internautique.
Un browser est ce qui permet de parcourir des yeux, de feuilleter, s'agissant d'un livre — le français a choisi navigateur (détournement de sens, par ailleurs, puisqu'il désigne ce qui permet de naviger, et non plus le pilote, ce que le mot désigne : l'image correspondante exacte du browser serait peut-être plutôt celle du vaisseau, du bateau, l'outil qui permet la navigation), probablement à fin de filer l'image véhiculée par internaute : "celui qui pilote entre" : étrange mélange de racines latine et grecque, et dérivation abusive du mot internet qui se traduit généralement par réseau ou toile ou ne se traduit pas (le mot link/lien fait partie de cette métaphore).
On trouve également nombre d'appelations relevant de la chose en commun, du lien choisi, de la communauté, plus ou moins fermée/secrète, avec, entre autres et outre le sus-dit, membre, invité, identifiant, pseudo(nyme), mot de passe. C'est pourquoi l'on disait qu'un blog est invite ouverte — par ailleurs libre au blogmestre de restreindre la liste des lecteurs à des individus préalablement déterminés.
Il est enfin un autre filet de métaphore : c'est celui de la maison.
Ainsi parle-t-on, de même qu'en anglais, de web/blogmestre (comme on disait : bourgmestre), de portail, de fenêtre, d'adresse, de"visiteur". Ainsi le "bloggeur" est-t-il hôte, celui qui reçoit, chez lui. La porte étant ouverte, en l'occurence, à tous, tous sont invités à faire visite. Toutefois, comme le rappelle la polysémie du mot "hôte", il arrive qu'indésirables — rustres, envieux, boutonneux fouteurs de merde et autres — ou parasites passent le seuil. La difficulté vient de ce que ceux-ci ne sont, a priori, organismes unicellulaires ou autres qui, à tout le moins, ont le bon goût de ne savoir parler pas, mais des formes de vie "intelligente" (ce dont on peut parfois, à raison, douter) — d'où les dérives que nous mentionnions supra. À ceux-ci ne formulons qu'un conseil.
Que ceux à qui déplaît ce qu'ils lisent, prennent simplement la porte — ou plutôt ferment la fenêtre.
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