Vendredi. Une semaine bien peu active, semble-t-il, se termine. Nuages et grisaille — il a même plu dans la nuit : envies fortes d'hibernation, ou d'échappée sous des latitudes plus ensoleillées.
Au réveil, exercice dont on n'avait pas même envisagé la probabilité : réponse conséquente au(x) commentaire(s) — rapport la médiocre et embrumée chronique d'hier. Un début à tout. Puis — c'est au moins une aussi grande surprise, ces derniers temps — bossé un peu le japonais. Oh, juste un peu. Ce n'est pas pendant mes six minutes quotidiennes de train que ç'avancera. A présent ? on grignote les restes du dîner d'hier, dûment tchiné, en tapotant sur le clavier. Comme dit l'adage : "Si cours au soir, glande à prévoir"...
Un des points intéressants du court reportage sur les Sans-(emploi, abri) japonais diffusé sur Arte, est qu'il ne suffit plus d'être japonais pour comprendre les japonais. Chose impensable jusqu'alors. Je ne sais plus où j'avais lu qu'un tel —non-japonais — s'était vu refuser tel poste de marketing pour d'évidence ne pouvoir "connaître le cœur japonais". Ah, ce 日本人の心は分からないでしょう... On y a tous bien eu droit une fois au moins, n'est-ce pas. (Et si l'on vous sert la proposition opposée, vous flairez la flatterie, n'est-ce pas.) Le Japonais seul comprend le Japonais (exception nationale, insulaire, &c.), c'est bien connu. Et là, on voit quelqu'un qui dit à Aso-san : si tu ne dors pas dehors une semaine avec ton seul costume sur le dos, tu ne peux pas me comprendre. Il est certain que le paradigme "emploi salarié à vie, une maison, une famille" facilitait la tâche à cette (ex-)mythologie — le reste, le divergent, il suffissait de l'occulter, de le reléguer à la périphérie, ou dans l'ombre. La diversité accrue des expériences, et le fait qu'elle soit partagée par des milliers de "monsieur tout-le-monde" de cette mythique "classe moyenne", change la donne. (Nan, plaisanterie : ça ne changera rien du tout, et durcira les mentalités.)
Également, en écho à ce que disait, avec les réserves qui s'imposent, hier bcg sur son Japon : 2 ou 3 choses..., revient, lancinant, l'argument de l'"honneur" — bien plutôt : souci de paraître comme les autres paraissent et comme le consensus tacite le veut, et par-là même de sauver les apparences — à défaut de sauver une vie, pour reprendre l'exemple du capitaine du baleinier. Ça me fait penser à cette histoire du salaryman qui perd son boulot, n'en dit rien à sa famille et continue à se lever, à faire semblant de partir au boulot et d'en revenir à fin de "n'inquiéter" personne, ne faisant pas grand-chose entre temps. Ou celle, dans une moindre mesure, de l'étudiant qui part tous les matins non pour l'université, mais le pachinko hall. C'est le même souci qui pousse les gens à choisir de n'aller pas à l'agence pour l'emploi, ou de ne participer pas à tel rassemblement d'aide ou de distribution de nourriture. En gros, une mythologie qui fonctionne seulement quand tout va bien : c'est dire que forcément, à un moment ou à un autre, elle s'écroule.
On me dira probablement qu'il est mal (pourquoi mal ? au nom de l'éthique coupable du relativisme culturel ? qu'on me laisse rire : ce n'est juste pas dans l'air de nos temps moralisateurs) de "juger" les us, coutumes, cultures, &c. Ce à quoi je répondrai, en bon pragmatique, qu'une morale qui détourne à ce point l'instinct de conservation — on fait partie du règne animal, non ? nos deux seuls impératifs géniques sont la reproduction de l'espèce et la préservation de soi — est une morale bien ineffective. On pourrait argumenter que justement l'espèce passe avant soi, et que donc &c. ; mais je vois mal en quoi tels comportements sont bénéfiques aux rejetons... Enfin bref.
Tiens, encore un cas (sommet de l'iceberg) de mésétiquettage alimentaire : Aujourd'hui pousses de bambou au rabais, achetez achetez ! (...) On pourrait en faire une collection. Dommage que les media japonais n'en fasse tel écho : là aussi, une autre mythologie, celle de la perfection japonaise — en l'occurence du produit made in Japan, à fin consumériste avouée de préférence nationale — en prendrait un coup.
Bon, c'est pas tout ça : faisons court, ce jour, et bougeons-nous un peu.
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