Il est un exercice auquel, forcément, je m'adonne quotidiennement ces derniers temps, et qui se révèle des plus intéressants : la photographie de livres, et plus précisément la photographie de photographies.
Le tout est de montrer des œuvres célèbres sous des jours neufs et à l'œil contemporain attirants, de mettre en valeur des choses moins connues, ou encor de réaliser des compositions au moyen d'un faisceau conséquent de clichés.
Le côté passionnant de la chose est qu'on ne dispose, ni d'un temps, ni d'un nombre de clichés illimités : cela se décide sur le vif, et une photo passe ou ne passe pas — et alors il faut reprendre ; mais ce n'est plus pareil.
Tout comme il y a presque une centaine d'années les reporters-photo n'avaient à leur disposition qu'une ou deux paires de clichés pour couvrir tout un événement — que ce fût le Débarquement ou la fête foraine locale — et étaient renvoyés sur le champ si sur quatre clichés il n'y en n'avait un de bon à tout le moins, il est nécessaire, m'est avis, de garder précieusement ce sentiment d'urgence.
C'est lui qui révèle l'Œil du photographe : on ne peut façonner son sens et son goût que dans une certaine mesure.
À présent qu'on peut prendre un millier de photos d'une même chose, en quelques heures et sans coût, ce sentiment d'urgence a probablement été remplacé par quelque idée-guide du genre " Sur la centaine prise aujourd'hui, s'il n'y en a pas au moins une de bonne..." Et puis, quand bien même, il y a toujours, à la rescousse, Photoshop, Lightroom, Graphic Converter et que sais-je — qui prennent et font perdre un temps gigantesque.
On me dira que c'est une autre époque, avec d'autres instruments, une autre façon de travailler, que tout est devenu bien plus simple — mot magique de nos temps technologiques — à la fois pour le professionnel et l'amateur.
Reste que le talent, même si ça se cultive, ça ne s'invente pas.
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