Nankai Koya : Sakai Higashi - Kitanoda






Un petit tour dans le train express de la ligne Nankai Koya, qui va de Sakai Higashi à Kitanoda, et saute par-dessus les stations de Mikunigaoka, Mozuhachiman, Nakamozu, Shirasagi, Hatsushiba et Hagiharatenjin.

Remarquez comme le paysage urbain et les architectures (le singulier de ce mot n'existe pas en japonais) varient de l'intervalle d'une station à l'autre, depuis les tours de Sakai Higashi (0:00 sqq, qui a son Ginza), les barres HLM (toutes bientôt démolies à 3:30, ils attendent que les derniers locataires veuillent bien mourir : ce sont en vérité les corons du salarié de l'après-guerre), les lotissements serrés de maisons individuelles (qui déborderaient presque sur la voie, 4:10 par exemple), les vieilles maisons bric à brac (celle à 0:28-29 par exemple, ou en bordure de Hagiharatenjin en 4:52 sqq mais de l'autre côté de la voie) et des champs (qui disparaissent à vue d'œil, remplacés par lesdits lotissements, à mesure que grand-pères meurent). En 5:00, voyez aussi l'autoroute (suspendu comme souvent en zone urbaine, les compagnies achetant le sol), merveille de laideur paysagiste.

À Kitanoda (5:50 sqq), vous remarquerez les deux grandes tours, alors que c'est la cambrousse et qu'il n'y a vraiment rien autour (pas même de trottoirs : cf. en vélo la nuit) : c'est que c'est l'un des arrêts de l'express, et qu'avant cela (une vingtaine d'années) les gens témoignent d'un vide campagnard. Nakamozu (2:20 sqq, joli patchinko OVNI en 2:40, la tour où on habita en 2007 à 3:00) est toutefois bien mieux fournie, bien que snobée par l'express (les quatre voies sont occupées : jonction avec la ligne Semboku Kosoku dont on aperçoit le fleuron le train Leiji Matsumoto à 2:10) : c'est point relativement plus important du fait de la présence terminus de la ligne Midosuji.

Notez le cul du tumulus funéraire en forme trou de serrure Nintokutennoryo en 1:11, juste avant Mikunigaoka.

Et une belle maison verte en 4:44.

D'autres choses encore, mais on ne va pas tout pré-mâcher non plus.

Des questions ?


6 commentaires:

christian Lefebvre a dit…

Certes, 6 minutes ça met un peu l'estomac en vrac. Mais c'est toujours aussi intéressant.
Toujours aussi atterré et fasciné par le capharnaum gigantesque de ces banlieues ou j'essai désespérément de repérer LE bâtiment qui prouve que les japonais ont aussi de bons architectes (d'ou l'estomac en vrac…)

n a dit…

De bons architectes, il y en a partout (tout aussi égotiquement absorbés ci ou là, d'ailleurs)(pour ceux que je connais ci et là, à tout le moins). Récemment ça donne plutôt dans le prêt-à-emménager standardisé de grosses entreprises comme Sekisui House, Tama Home, etc. (qui ne connaissent pas la crise)(au contraire des petits promoteurs-constructeurs endettés qui fuient un jour, pendant la nuit, sans laisser d'adresse, avec leur famille, pour éviter la saisie des biens et la mise à la rue)(oui oui, ça se fait encore). Mais c'est en effet un capharnaüm, entassement et pot-pourri incroyable, et paysage urbain qui se transforme à toute vitesse (les maisons ne durant pas, tout espace inoccupé étant vite rempli)(horreur du vide ?). En fin de compte, ce qui frappe le spectateur étranger, c'est peut-être l'absence de concertation urbaine, de normes établies (respectées), et de points de repère occidentaux (places, mairie, église, café) ? Bref, beaucoup de questions en suspens. Merci pour le commentaire !

Lionel Dersot a dit…

Quand vous irez de Roissy à Paris la prochaine fois, admirez le paysage, la barre d'immeubles avec un énorme panneau publicitaire Fujitsu épuisé, et souvenez-vous de ce que vous avez écrit ici. Avec le recul, on finit normalement par relativiser la laideur des lieux qui ont beaucoup de points communs - le trajet aéroport centre-ville à Séoul pas mal non plus, et combien d'autres encore zones en bordures de périphériques? Il y a des banlieues coquettes. Les autoroutes n'y passent pas, les express ne s'y arrêtent pas.

Pour le vide, il y a des raisons fiscales, ou simplement la crise, pour qu'un propriétaire choisisse s'il le peu de construire ou en faire un parking en attendant mieux. Les promoteurs sont là pour gérer cela, pas les propriétaires qui, à moins de se spécialiser, ne peuvent pas gérer leurs biens immobiliers dont on sait que la seule valeur tangible est le sol, pas ce qu'on met dessus. En langage de promoteur et agent immobilier, un immeuble se nomme "hako". C'est tout dire.

Oui, les constructions japonaises sont de qualité médiocre au niveau de l'isolation (on le sait tous les matins ces temps-ci, hein?), et cela concerne tout autant des immeubles de standing en plein milieu de Tokyo. Ne peut-on aller plus loin que redire les mêmes rengaines? Par exemple essayer de comprendre le pourquoi des choses, ce qui ne signifie pas être d'accord pour autant. A Sarcelles, c'est pas mal non plus, mais ils ont le chauffage central, ce qui compense la médiocrité de l'isolation et une épaisseur de mur supplémentaire pour faire passer les tuyaux.

La question des lieux traditionnels de sociabilité au Japon. Voilà une question intéressante, mais ne la posez pas à vous-même, mais à vos beaux-parents par exemple, séparemment s'entend. Qu'est-ce qu'on peut savoir soi-même du rôle d'un club de dance hawaïenne en matière de sociabilité? En plus quand on ne danse pas.

Le mot de vérification, c'est relda.

n a dit…

Merci pour votre commentaire.

Le beau, le laid, le bon, le mauvais, le bien, le mal, etc. : expédients moraux (utilitaires) pour communiquer (régner) à l'aide du plus petit dénominateur commun (on en use par commodité).

Et les HLMs bétonnés, il y en a partout où la ville a débordé de son lit trop vite après la seconde guerre (industrialisation comme facteur déclenchant, puis tertiaire vingt-cinq ans plus tard). Question de profit et d'avarice, chez les constructeurs comme les utilisateurs. Ça ne date pas d'hier (cf. Rousseau, la ville, la campagne et les gens)(voyez la Chine orientale, présentement, pour les mêmes conclusions).

Parce que je ne parle pas de la France, ou des États-Unis, du Ghana, et que je ne fais pas systématiquement une étude comparée, croyez-vous un instant que je n'y pense pas ?

Relativiser la laideur, c'est, d'un autre côté, manquer de recul, puisque cela permet de la faire ou laisser grandir impunément.

Le grand contexte de ce trajet en train, c'est le dégradé urbain entre la ville d'Osaka et les montagnes qui la séparent de Wakayama. (Il n'y a pas que des "boites" ou du "vide".)

Persistons tout de même : la rizière qui côtoie la maison grand standing entre une ligne de chemin de fer et une route à double sens de deux mètres de large peuplée de poteaux électriques, est une vue peu courante. Ceci dit, la règle est plus intéressante que l'exception (ou le développement urbain caractéristique que soi).

La gestion de ce qui est vécu ou pensé comme "vide" (encore un mot-expédient) relève tout de même, m'est avis, de l'étude psychologique (quand bien même ce serait pour raison fiscale et ses raisons). L'importance de l'usus et du fructus. La friche inconcevable (perte du lien avec la terre). Du reste, les vides en question sont des champs, qu'on possède ou qu'on loue et utilise, ou qu'on vend ou place (seul cas dont vous semblez parler) quand on en hérite.

Qu'est-ce qu'on peut savoir soi-même du rôle d'un club de danse hawaïenne en matière de sociabilité (pas diablement traditionnel, mais ceteris partibus ça passerait peut-être en nouveau lieu de sociabilité avec l'initiative croissante des arrondissements et villes, centres culturels, etc., de salles mises à disposition pour quelques yens, de la fibre sociale de certaines CSP sans laquelle cela ne serait pas, et du facteur enfants ou pas, est-ce que ça danse ou est-ce que ça sociabilise en regardant danser les marmots, etc., etc.)? Mais absolument tout, il suffit de confessions individuelles (j'en ai à n'en plus savoir qu'en faire) qu'il faut démêler et recouper (comme dans un bon film policier). La note mentale mentionnée tantôt, concerne simplement la rédaction (le temps manque) du sujet (qui pourrait se résumer à : confort systémique des cercles sociaux compartimentés).

Que pensez-vous de l'universalisme d'Emerson?

J'ai probablement oublié beaucoup de choses ; c'est du moins qu'à demi-mot, désolé pour le condensé d'imprécision habituel.

Lionel Dersot a dit…

"Que pensez-vous de l'universalisme d'Emerson?"

Pas possible de commenter sur ce que je ne connais pas.

n a dit…

C'est, en gros, l'idée généreuse que rien de ce qui est humain n'est étranger à l'homme (n'importe qui a les moyens de comprendre n'importe qui).